20 Déc 2024 | Fanon et moi

« Un homme nouveau », voilà ce que représente Fanon pour moi. Un homme qui
s’interroge, qui questionne les raisons pour lesquelles il est venu au monde et qui s’engage
non seulement à comprendre le monde, mais exhorte sa génération à prendre part dans un
combat pour la décolonisation, la libération et pour l’émancipation pleine. Césaire pourrait
dire que Fanon est un Nègre fondamental qui ne cesse de fouiller en lui et qui fouille encore et
trouve même dans ces derniers jours un message de luttes et d’espoir pour tous les damnés de
la terre. Fanon, pour moi, est le soleil des Antilles qui jette un de ses rayons sur
l’indépendance de l’Algérie, sur la lutte des noirs en Amérique du Nord et qui refuse de
s’éteindre dans nos mémoires comme nègre libre, moi, fils de Jean Jacques Dessalines. Fanon
nous montre que l’homme doit être décolonisé et ne pas chercher à prendre la place des
colonisateurs. Il doit être indépendantiste, internationaliste, curieux et sensible à la souffrance
de l’homme et de la femme.  

Cet homme nouveau qu’est Fanon porte son identité à fleur de peau. Il pense que
l’homme noir a son identité propre, qu’il n’a pas besoin de l’échanger pour des miettes,
qu’elles soient matérielles ou culturelles, qui ferait de lui un ventriloque ou un épouvantail en
papier maché. Fanon est parmi ceux qui pensent que seule la lutte libère. Fanon est un modèle
d’intellectuel organique de gauche qui aurait un mot à dire au moment où nous parlons pour la
Palestine colonisée, pour mon Haïti à bout de souffle sous les griffes assassines de l’État
étatsunien. Il dirait un mot pour le Yémen, le Liban, le Soudan…

Fanon, pour moi, est l’homme qui s’interroge et qui interroge ce monde inégalitaire et
génocidaire.